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les voies de l’amour

trois jeunes filles l’aidaient dans le service. Deux d’entre elles, modestement mises, paraissaient jolies et distinguées, mais la troisième, véritable type du pâtira, aurait pu jouer avec avantage le rôle du bouffon ou du clown si elle eût eu plus d’esprit ; mais mentalement et physiquement elle était la même. Il suffit de décrire cette petite servante (c’était en effet une servante) pour vous laisser juger du plaisir que nous avions à la taquiner. Le chef : la caricature d’une tête d’oie ; un nez long, effilé, étalé au bout comme une spatule qui a envie de s’ajuster à une congénère formée par la lèvre inférieure ; un front fuyant, se terminant presque au sommet d’une tête pointue soutenant un chignon en tignasse carotte ; un cou en point d’interrogation placé entre des épaules étroites et tombantes ; un corps fluet planté sur des jambes arquées qui paraissaient soutenir la jupe plus par les genoux écartés que par les hanches rétrécies. Une seule chose plaisait en elle, (et encore !) la douceur de ses grands yeux pâles. Pendant la marche, la petite tanguait et roulait. Quand elle nous servait à table nous craignions toujours de voir les sauces ou les ragoûts, ballottés dans les assiettes, glisser par-dessus bords, ou le thé nous couler sur la tête en douche bouillante. Riant toujours niaisement, elle endurait joyeusement tous les quolibets qu’elle prenait pour des compliments flatteurs. Aussi obligeante que niaise et laide, elle était toujours prête à rendre