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les voies de l’amour

déjà les effluves de son amour qui m’envahissaient. Elle se tut et se leva tout à coup. Sa robe d’indienne à ramages tomba en larges plis sur ses pieds. Toute simple, cette toilette lui seyait mieux que les riches tissus que portait Andrée. Elle découpait avec élégance sa taille souple et ses hanches à peine ébauchées, arrondissait ses belles épaules, dégageait la naissance de sa gorge. J’étais toujours en extase devant l’apparition de ce nouvel amour. Lucille tendit ses deux mains et de ses doigts effilés elle me saisit la tête qu’elle releva vers elle, et la flamme de ses grands yeux noirs pénétra comme des éclairs fulgurants à travers mes prunelles jusqu’au plus profond de mon être. J’eus à peine le temps de voir les bandeaux ondés de ses cheveux noirs, qui encadraient le bel ovale de son visage et faisaient ressortir la blancheur mate de son teint aux pommettes rougies par l’ardeur de son amour, que déjà sa bouche aux lèvres minces et vermeilles s’appesantissait sur ma bouche en baisers brûlants. Ces baisers, véritables morçures délectables, me donnèrent des sensations d’une volupté dont je n’avais jamais encore éprouvé les ardeurs. Tout mon être en frémissait. Puis il me semblait que tout mon sang, après avoir circulé violemment dans mes veines gonflées, refluait vers mon cœur qui n’en pouvait plus. J’avais du vertige, des impressions de défaillance. J’avais honte de ces baisers et cependant je pressais Lucille sur