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les voies de l’amour

ma poitrine comme si j’avais craint de la perdre au moment où, dans un premier élan de passion, elle se jetait dans mes bras, se suspendait à mon cou. Puis Lucille défit le nœud de mes bras qui encerclait sa taille, et elle s’enfuit tout étonnée elle-même de la spontanéité et de l’ardeur de cette première déclaration, de cette première caresse. L’amour avait vaincu l’amour et de ce soir-là je ne pensai plus à d’autre qu’à Lucille triomphante.


« Mon ami, Jean Roy, qui n’avait aucune attache antérieure, était devenu facilement l’amoureux ou peut-être l’amant de Béatrice, la sœur cadette de Lucille. Ces deux sœurs se ressemblaient beaucoup ! Elles avaient la même taille, la même élégance, les mêmes cheveux si noirs qu’ils en avaient le brillant des ailes du corbeau, le même teint d’une blancheur mate qui s’animait facilement à la moindre impression nerveuse, le même nez droit. Lucille avait les lèvres minces, la bouche spirituelle ; Béatrice, une bouche rieuse et parfois moqueuse. Lucille avait de beaux grands cils, soyeux, qui lui servaient à volonté à atténuer l’acuité de son regard. L’œil de Béatrice, quoique noir, avait quelque chose de doux et parfois de mélancolique. Une était l’amour tranquille qui se laisse aimer ; l’autre, l’amour ardent qui recherche la passion.

« Les deux petites sœurs étaient censées aider leur