Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
les voies de l’amour

à grande vitesse pour elle. Je ne pouvais pas plus m’expliquer cet engouement de Jean pour Lucille qu’il m’avait jetée dans les bras. Lucille était belle, élégante, aimable à n’en pas douter, mais après tout sa condition sociale n’était pas si enviable, tandis qu’Andrée, avec autant de beauté, à ce qui me semblait alors, autant d’élégance et d’amabilité peut-être plus réservée, était la fille d’un homme riche, honoré et haut placé. Oh ! souvent dans les moments d’isolement et de tristesse que me laissaient les désirs assouvis que je ressentais pour Lucille, j’ai cherché à éclaircir cette énigme. Oh ! combien souvent aussi dans ces moments, j’ai regretté cet amour effréné pour Lucille quand ses baisers me laissaient parfois des goûts d’amertume. Souvent même, dans mes élans d’amour les plus passionnés pour Lucille, j’éprouvais des sentiments de nostalgie de mon village, de mon Andrée. Si j’avais été moins rustaud, moins mal équarri, j’aurais compris le jeu de Jean. Mais d’autre part, j’étais si épris de Lucille que plus rien ne m’inquiétait en dehors d’elle, et, si parfois j’osais lui comparer Andrée, je le faisais insouciamment, sans en penser autrement. Les éloges incessants que Jean me prodiguait sur la beauté et le caractère de Lucille rendaient plus vive la flamme qui me consumait pour cette dernière. Le mépris que Jean semblait verser sur Andrée, je ne le comprenais pas ou je n’y attachais aucune importance,