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les voies de l’amour

« Pendant nos deux dernières années de cléricature, les mascarades, les soirées, les parties de cartes, de théâtre et de patinoire organisées par les étudiants furent très fréquentes, surtout pendant le carnaval. Andrée, l’invitée de Jean, passait la plus grande partie de l’hiver à Montréal, chez une tante, sœur de sa mère. Elle fut de toutes nos parties. Elle en fut aussi toujours la reine. Sans coquetterie, sans orgueil, elle était aimable avec tout le monde ; cependant seules les flatteries la laissaient indifférente et même froide. Son air de tristesse constante lui attirait toutes les sympathies et elle ne semblait pas s’en apercevoir.

« J’aimais beaucoup Lucille et cependant je ne lui trouvais plus dans les soirées la même grâce, la même élégance qu’à Andrée, malgré tout l’argent que je dépensasse pour ses toilettes. Andrée, plus habituée au faste, avait, comme les riches de vieille date, des goûts plus simples et cependant plus recherchés. Ses toilettes, sans fanfreluches exagérées et sans rubans multicolores accrochés au corsage et à la jupe, dénotaient ce goût inné du beau dans la simplicité, de l’élégance dans la modestie. Par contre, Lucille, à l’instar des parvenues, dépensait pour le plaisir de s’en mettre sur le dos en compensation des privations antérieures et du peu qu’elle avait toujours eu. Ses goûts excentriques apparaissaient dans ses toilettes ébouriffantes, chargées de dentelles, de tulle et de