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les voies de l’amour

ces deux sirènes. Mais Jean ne répondait pas, ne venait pas. Mystère ! Énigme !


« Et puis Jean est venu ; mais ce n’était plus Jean mon ami, Jean le bien-aimé de Béatrice, Jean le boute-en-train, Jean le passionné. D’où venait-il ? Que lui était-il arrivé ? Autrefois si exubérant, si expansif, il était revenu morose. La moindre contrariété le mettait hors de lui-même. Il ne voulait plus revoir Béatrice. Quand elle était dans sa chambre et faisait mine de l’y attendre, il se gardait bien d’y entrer ; il s’en éloignait, venait quelquefois causer avec moi, mais le plus souvent il sortait de la maison et allait je ne sais où. Parfois il s’absentait pendant quelques jours et, quand il revenait, il était plus taciturne encore. J’avais beau chercher la cause de son mal, l’interroger, m’enquérir des raisons de ses absences et de son changement de caractère, toujours il me répondait brusquement par des monosyllabes qui résonnaient mal à mes oreilles. Quand je me plaignais de son amitié qui semblait diminuer, il devenait bourru et se hâtait de sortir ou de changer de sujet de conversation. Cependant plus il tentait de s’éloigner de moi, plus je le recherchais. Je l’amenais à ma chambre ou j’allais le retrouver plus souvent à la sienne. Bien souvent j’essayai de le confesser pour trouver le remède convenable aux maux qui minaient sa santé et affectaient son intelligence.