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les voies de l’amour

mon père qui avait voulu en faire l’ami de la famille. Mon cœur près de lui avait toujours les mêmes pulsations tranquilles, régulières. J’aimais entendre ce beau parleur. Quand il me racontait et me décrivait ses voyages, mon esprit s’intéressait à ses récits, mais mon âme n’en éprouvait aucune émotion, les fibres de mon cœur ne résonnaient pas ; aucun son n’en sortait. Mais près de vous, Monsieur !… Oh ! ne parlez pas ; prenez mon bras, tâtez mon pouls, et vous reconnaîtrez, par la rapidité et la force de ses pulsations, les battements violents de mon cœur. Vous percevrez ce que mon âme éprouve et vous verrez comment elle peut traduire ses sensations sur les fibres de mon cœur, qui résonnent comme les cordes de la harpe sous les doigts déliés de l’artiste qu’une pensée divine inspire. Quand vous parlez, je bois vos paroles ; elles sont comme une liqueur douce qui circule dans mes veines, qui me donne d’abord des frissons et puis qui m’engourdit, m’enivre et me met dans la tête des rêves comme en ont les fumeurs d’opium. Oui, je vous vois m’accompagnant dans un paradis terrestre, me cueillant les plus belles fleurs, me tressant des couronnes et des guirlandes, me présentant les fruits les plus savoureux et me préparant, avec les mousses les plus moelleuses, une couche autour de laquelle les amours dansent en souriant. Oh ! parlez, parlez, j’aime votre voix ; ses notes me sont douces ; elles vibrent à mes oreilles