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les voies de l’amour

comme celles d’une romance si suave. Oh ! laissez-moi lire dans vos yeux ; non, non, lisez plutôt dans les miens et voyez-y les caresses qu’ils implorent. Oh ! Monsieur, je vous aime comme la colombe aime son compagnon, vous savez avec quel amour jaloux ! »

« Ne m’aimait-elle pas réellement celle qui pouvait me parler ainsi ? Moi aussi, je buvais ses paroles enivrantes. Comment aurais-je fait pour ne pas l’aimer ? Oui, j’étais le compagnon de la colombe qui aime jalousement.


« Les mois et les années qui suivirent firent époque dans ma vie. Je croyais avoir trouvé l’oiseau bleu qui m’apporterait le bonheur avec l’amour. Partageant mon temps entre le soin de mes malades et mes assiduités auprès de Léontine, je vécus des jours heureux comme je croyais n’en avoir jamais eu. Souvent le soir, seul dans mon bureau, fatigué de feuilleter mes gros livres d’études ou de chercher les nouveautés dans les revues médicales, j’allumais ma pipe et, quand les volutes de fumée grise déroulaient leurs spirales, mes pensées me reportaient aux temps écoulés, des souvenirs les plus lointains jusqu’aux jours les plus proches, et je souriais à toutes les joies enfantines du gamin et de la gamine qui couraient à travers les allées et les plates-bandes de nos jardins, se cachant dans les bosquets ou les grosses