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les voies de l’amour

touffes des hortensias ou des boules-de-neige, s’appelant de leur voix claire de piccolo, se cherchant, se retrouvant et s’allant reposer sur le perron pour y entendre caqueter la grosse poule, autour de laquelle s’assemblaient les poussins tout couverts de duvet. Je souriais aux deux enfants se tenant par la main dans le sentier de l’école ou de l’église. Je les revoyais avec plaisir au parloir du collège, dans leurs promenades sur la plage sablonneuse de l’océan. Je les retrouvais dans leur première idylle, et je souriais encore. C’était de ces souvenirs qu’on aime à rappeler même quand un bonheur plus grand nous sourit, comme si ces souvenirs nous aidaient à grandir la joie présente sans jamais y mettre la moindre trace d’ombre. Et je me disais : chaque jour, chaque année, chaque âge a ses joies ; les premières préparent les secondes et celles-ci embellissent les dernières. Toutes les joies s’en vont toujours grandissant à chaque étape. Les souvenirs de l’enfance ne gâtent pas les plaisirs de l’adolescence ; ceux de la jeunesse n’amoindrissent pas le bonheur de l’âge plus avancé. J’ai aimé autrefois dans un premier amour que je me rappelle comme le voyageur aime se souvenir des beaux paysages qu’il a parcourus au début de sa course. Ce premier amour, cet amour ancien n’était que le noviciat qui préparait au bonheur suprême, à cet amour que j’éprouvais pour Léontine. Comparer l’affection que j’avais eue pour