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les voies de l’amour

étaient trop terrestres. Le désespoir me poussait à cette extrémité, et Dieu qui lit dans les cœurs ne voulait pas me recevoir dans son asile d’où toute pensée humaine est exclue. Ma ferveur nouvelle était entachée du désir d’aller près de ses autels prier constamment pour le bonheur de mon Michel. Je l’avais tant aimé et je l’aimais tant encore que je ne pouvais me faire à l’idée de l’oublier un seul instant. Quitter le monde, ne plus le revoir, m’enfermer pour ne plus vivre qu’avec sa pensée, prier pour lui pour qu’il soit toujours heureux, même dans les bras d’une autre, c’était le dernier sacrifice que je faisais à mon amour. Mais Dieu, qui est jaloux, qui me voulait tout entière, de corps, d’esprit et de cœur, n’a pas agréé ce sacrifice, le but en était trop humain. Je viens de recevoir une lettre de la Mère Supérieure de la communauté. Elle rejette ma demande sous prétexte que ma santé est trop chancelante. « Guérissez-vous, me dit-elle, et nous serons heureuses d’ouvrir les portes de la communauté à une nouvelle recrue. » Le moyen de me guérir, quand c’est l’amour, quand c’est le désespoir qui me tuent ! Ô mère, avez-vous jamais aimé autant que moi ? Pouvez-vous comprendre mon malheur ? Avez-vous jamais autant souffert que moi dans votre amour ? Mes jours se comptent désormais au rythme de mon cœur, aux battements de mes artères et je sens la vie qui m’échappe à la faiblesse de mes membres, qui, ne