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les voies de l’amour

même tout l’amour qui eussent existé entre elle et moi. Je ne pouvais, il me semblait, abandonner les nombreux malades que j’avais sous mes soins pour accourir au chevet d’une ancienne amie pour qui mon art ne pouvait être d’aucune utilité. Je pouvais guérir les maux du corps, adoucir, autant qu’il est au pouvoir du médecin, les misères de l’âme, soulager de même les peines du cœur ; mais guérir ces dernières en sacrifiant mon bonheur et surtout celui de ma fiancée, je ne me sentais pas le courage d’une telle abnégation. Que pouvais-je pour cette petite dont l’amour était depuis longtemps disparu de mon cœur ? Revenir vers elle, était-ce assurer son bonheur ? La faire revivre par mon retour, était-ce lui rendre la vie heureuse, même supportable ? La revoir, lui donner d’autres espérances, lui mentir, je ne m’en sentais pas la force. Me sacrifier pour elle, c’était sacrifier l’autre que j’aimais plus que je n’avais jamais aimé, c’était sacrifier celle qui avait abandonné un premier fiancé pour l’amour de moi. Je n’en avais pas le droit. Non, c’était trop me demander. Ces appels réitérés de ma mère me touchaient peu ; ils m’ennuyaient, m’agaçaient même. Souvent je mettais de côté ses lettres avant d’en finir la lecture que je remettais à d’autres moments. Parfois je les oubliais complètement. Ah ! toujours les mêmes choses décourageantes, les mêmes expressions plaintives : la maladie, le désespoir, la fin de