Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
les voies de l’amour

pénètre dans une cavité quelconque d’un cadavre te fait mourir d’effroi, comment dans un cimetière, pendant la nuit noire, aurais-tu pu entendre le mugissement du vent secouant les arbres, ou l’écho des hurlements des chiens qui se réveillent au loin ?

« Es-tu sûr, brave Louis, de n’avoir plus peur des morts ?

« J’ai connu, plutôt j’ai vu en ma première année d’étude de la médecine, un vieillard plus brave, plus courageux que toi, mon bon Louis. Oh ! c’était un vrai vieux du vrai vieux temps. Laissez-moi rappeler cet épisode qui nous a fait frémir d’horreur pendant que le vieux tout éveillé souriait d’un air narquois à notre ébahissement et à notre crainte.

« Un jour, au vieil hôpital Notre-Dame, Brosseau avait transformé la salle d’opération en un dispensaire de chirurgie. Les malades se présentaient à tour de rôle et sans préparation aucune comme dans le cabinet de consultation du chirurgien. Les malades passaient, dans la clinique, devant les étudiants qui les examinaient, établissaient le diagnostic et indiquaient le traitement. Brosseau, le grand clinicien, écoutait, regardait, confirmait ou désapprouvait. Entre un petit homme aux yeux clairs, pétillants, qui prétend avoir quatre-vingt-deux ans. Sa figure sans rides, sa taille droite, son pas vif, son allure dégagée, sa voix claire, sa parole