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les voies de l’amour

pendant quinze jours, où j’ai cru qu’elle m’avait aimé aussi. Je suis allé dans son village. Je me suis fait mendiant. J’ai traversé le beau jardin où elle aimait tant cultiver les fleurs favorites de son ami, de son Michel. Je frappai à la porte de la maison où l’espérance avait semblé me sourire un jour. Je demandai humblement l’aumône dans l’espoir de la revoir encore et de recevoir de ses mains un morceau de pain. Je voulais entendre encore sa voix si caressante, revoir ses yeux si doux, son sourire si attrayant, ses cheveux si beaux. La bonne me fit entrer et après quelques minutes d’absence, elle revint me dire de la suivre auprès de sa maîtresse qui avait l’habitude de faire l’aumône de sa main même. Oh ! Michel, j’ai revu Andrée dans son grand lit blanc Elle souriait pendant qu’elle m’offrait une pièce de monnaie qui paraissait bien lourde à sa petite main débile et tremblante. En prenant la pièce de monnaie, ma main effleura la sienne ; c’était la main d’un ange. Oh ! que j’aurais voulu la tenir, la baiser, mais la main d’un mendiant, les lèvres d’un vagabond peuvent-elles oser ? Mais la pièce de monnaie, je la baisai follement pendant que de grosses larmes brûlantes coulaient sur mes mains. « Que Dieu vous bénisse, me dit Andrée d’une voix faible et douce, et souvenez-vous de moi dans vos prières ». Me souvenir d’elle, oui, aussi longtemps que je vivrai ; mais je ne veux plus vivre. J’at-