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les voies de l’amour

revoir ; je n’ai plus d’illusions, je n’ai plus d’espoir, mais le revoir, même sans lui parler, c’est un baume sur les plaies de mon cœur ; le revoir c’est rafraîchir son image dans mon esprit et mon âme ; le revoir même au bras d’une autre jeune fille, le savoir heureux, aimé, c’est un adoucissement à mon chagrin, à mon désespoir. » Et toi, Jean, par méchanceté et dans l’espoir de lui voler son amour, tu la conduisais partout où tu savais me rencontrer avec Lucille. Pour la faire souffrir, tu voulais qu’elle me vît ; pour la torturer et détruire son amour pour moi, tu combinais ces rencontres. Ce que tu l’as fait souffrir, pourras-tu jamais l’imaginer ? Pouvais-tu connaître la profondeur de son amour, toi qui n’as connu que les feux passagers de l’amour libertin ? Pouvais-tu apprécier la noblesse de ses sentiments et la sublimité de son sacrifice, toi qui te jouais impunément de l’amitié ? Comprends-tu aujourd’hui l’énormité de ton forfait ? Oh ! Jean, si tu revoyais Andrée dans le grand lit blanc, les yeux éteints, les joues creuses et pâles, les lèvres exsangues, les mains diaphanes, oh ! Jean, tu pleurerais des larmes de sang devant ce petit corps prêt à s’envoler vers les cieux.


« Michel, me dit Jean, je l’ai vue la pauvre petite Andrée dans le grand lit blanc. Je voulais la revoir avant de mourir ; je voulais revoir les lieux où j’ai cru l’aimer