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les voies de l’amour

« Quand je revins dans mon village ce fut une double fête, la fête des pauvres, des indigents et la fête de ma mère qui manifesta sa joie par des larmes abondantes depuis longtemps contenues. La digue se rompait et toutes les inquiétudes s’en allaient avec les larmes. Ma mère redevenait sereine et retrouvait sa gaieté d’autrefois. Elle était doublement heureuse, heureuse du retour de l’enfant prodigue, heureuse du bonheur de sa chère Andrée dont elle était certaine de voir le retour à la vie.


« C’était dans les derniers jours d’avril. Le printemps avait été plus précoce. Les rayons du soleil plus ardent buvaient avec avidité l’humidité qui se dégageait de la terre en une épaisse buée. Les bourgeons des érables s’ouvraient sous la poussée intense des petites feuilles d’un vert tendre. Les grappes de lilas germaient en abondance. Les prairies vert d’émeraude fournissaient déjà une nourriture succulente aux animaux, heureux de jouir de la liberté après les longs mois de prison dans les étables. Les agneaux gambadaient ou se désaltéraient à la mamelle de leurs mères qui broutaient l’herbe tendre. Les jardiniers ratissaient les allées de nos jardins ou préparaient les plates-bandes à recevoir les graines, les plants ou les fleurs qui s’épanouissaient déjà dans nos serres. Les croisées des maisons s’ouvraient