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les voies de l’amour

aux rayons du soleil qui pénétraient dans nos chambres avec accompagnement du chant des oiseaux s’appelant en un désir d’amour. C’était le plus beau printemps dont je jouissais depuis longtemps. Comme la nature, comme les oiseaux, je sentais en moi le réveil de l’amour, d’un amour nouveau greffé sur un amour ancien qui devait porter des fruits comme je n’en avais jamais dégusté. Oiseau migrateur, je revenais au temps des amours édifier un nid sur la même branche et tout près de celui dans lequel j’étais né.

« Ma mère n’avait pas été lente à courir annoncer mon arrivée à sa chère Andrée qu’elle aimait peut-être plus qu’elle n’aurait chéri sa propre fille si elle en avait eu une. Elle l’avait vue si malheureuse, et puis n’était-elle pas déjà doublement sa fille par le cœur et par le mariage qu’elle espérait bientôt. Elle lui voulait tant de bonheur comme compensation de tant de souffrances que la pauvre petite avait endurées pendant si longtemps à cause de l’infidélité de son fils. Elle voulait vite rallumer ses espérances et lui laisser entrevoir l’aurore d’un beau jour dont le soleil ranimerait ses forces et la ferait renaître à la vie. Quand Andrée vit entrer ma mère dans sa chambre, ses joues s’empourprèrent et ses yeux devinrent brillants comme aux soirs de fièvre élevée, et son petit cœur se mit à battre si violemment que le drap de lit en était tout agité. Sa respiration était si haletante