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les voies de l’amour

qu’elle ne se sentait pas la force d’interroger ma mère dont la joie n’avait d’égale que l’anxiété d’Andrée. Ma mère la baisa au front et, s’asseyant au bord du lit tout à côté d’elle, elle lui prit sa petite main toute moite et toute décharnée. Elle la laissa se calmer un peu, mais les yeux d’Andrée semblaient tant l’interroger que ma mère ne put garder le silence bien longtemps. « Michel, dit-elle, est arrivé tard dans la veillée d’hier. En traversant le jardin pour arriver à la maison, il a remarqué la lumière vacillante de la veilleuse à travers les persiennes de la croisée du côté de ta chambre. Il m’avait à peine embrassée qu’il voulait immédiatement venir t’annoncer son retour définitif parmi nous. J’eus toutes les peines du monde à le retenir. Je craignais pour toi les émotions de la surprise.

— « Mère, disait-il, le médecin a ses entrées libres à toute heure du jour ou de la nuit chez ses malades. Je veux la voir immédiatement. Elle m’attend et il me tarde de baiser au front celle que j’ai tant fait souffrir. Je veux lui apporter l’espérance et le bonheur, lui dire comme je l’aime et comme je souffre moi-même d’attendre. Oh ! permettez, ma mère, que j’aille de suite lui porter le viatique des amants. Elle m’attend, j’en suis certain par les battements de mon cœur. Laissez-moi lui administrer le soporifique qui endormira ses craintes. Je ne veux plus qu’elle souffre par moi et pour moi.