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les voies de l’amour

les œillets et tout couvert de riches dentelles blanches. Le soleil, qui pénétrait à flot dans la chambre d’Andrée, donnait au lit cette vision qu’on trouve au sommet des hautes montagnes couvertes de neiges éternelles, qui prennent des tons de rose quand l’astre leur envoie ses premiers rayons du matin. Et la tête d’Andrée sur l’oreiller tout blanc ressemblait aussi à la fleur des neiges. Ma mère et la bonne quittèrent la chambre tout doucement pendant qu’Andrée tout endormie souriait dans un beau rêve à son Michel adoré.


« Quand, suivi de ma mère, j’entrai dans la chambre, Andrée reposait encore paisiblement. Les rayons du soleil, qui pénétraient par la fenêtre toute grande ouverte, avaient parcouru toute la largeur de la chambre et tombaient alors en un épais faisceau sur les oreillers où reposait la tête d’Andrée, et donnaient à sa figure la transparence de la cire blanche sur laquelle le rouge des fleurs et du couvre-pieds mettait une teinte de rose. Il me semblait que les atomes du parfum des œillets se mêlaient aux rayons dorés et leur donnaient l’apparence d’une immense gerbe de fleurs odorantes. Par instants Andrée souriait comme elle avait l’habitude de sourire aux fleurs. Elle tendait les bras pour embrasser ce faisceau, cette gerbe qu’elle voyait elle-même en son rêve. Souriait-elle réellement aux rayons du soleil ? Étendait-