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Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/305

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les voies de l’amour

quelquefois de la femme enceinte un tout autre être, jamais mon Andrée adorée, avec son tempérament toujours égal, son éducation supérieure, se serait laissé dominer par ces fantaisies capricieuses qu’on rencontre surtout chez les névropathes. Oui, je le comprends aujourd’hui, son amour, notre amour à tous deux, devrais-je dire, nous a perdus et a été la cause première de notre malheur. C’est par amour qu’Andrée a dû me cacher tous les malaises, toutes les indispositions qu’elle devait éprouver. Elle a craint de m’inquiéter et de me faire négliger quelquefois mes malades en me dévoilant des choses que j’aurais dû connaître et que j’aurais dû surtout rechercher minutieusement, choses sur lesquelles j’insistais tant chez mes malades dans la même position que mon Andrée. Sa gaieté devait être le plus souvent factice. Son état, qui paraissait si florissant et qui semblait se manifester par un certain embonpoint, n’était-il point le résultat d’un mauvais fonctionnement de ses reins ? Par les marches fréquentes qu’elle faisait sous prétexte de prendre l’air ou de se reposer de la lassitude occasionnée par ses longs travaux de couture, Andrée ne cherchait-elle pas à dissiper les maux de tête qu’elle devait éprouver souvent ? Hélas ! que j’ai été fou ! que j’ai été coupable ! Hélas ! j’ai fait ce que trop de médecins font trop souvent ; je traitais bien mes autres malades, je les questionnais ; je les surveillais, mais je négligeais