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les voies de l’amour

Dame, et le soir sur la rue Ste-Catherine tacitement réservée au peuple : le petit bourgeois, le commis, l’artisan et l’ouvrière. On se rappelait avec plaisir les rencontres aussi agréables que fortuites avec les petites ouvrières, modistes ou vendeuses de magasin (ces petites soirettes si l’on pouvait baptiser ainsi ces petites amies d’un soir) toujours jolies sous leurs grands chapeaux à plume et dans leur toilette si simple. Comme elles attiraient forcément vers elles, avec leurs joues légèrement colorées, leur bouche délicate et souriante, leur démarche alerte !

« Nous marchions, disait Baptiste, quelque temps derrière elles ; nous parlions le langage des carabins pour attirer leur attention. Elles prêtaient l’oreille, retournaient la tête pour jeter un coup d’œil en arrière, et ralentissaient le pas. Nous hâtions notre marche pour les devancer. Une œillade de part et d’autre et la connaissance était vite faite. Nous nous promenions en nous disant quelquefois des banalités, le plus souvent des joyeusetés, pour finir par des mots d’amour qui n’avaient pas de lendemain. C’était deux ou trois heures d’une promenade charmante que nous nous promettions de refaire souvent. Puis nous allions reconduire nos nouvelles petites compagnes jusqu’à la porte de leur demeure où, dans de longs serrements de mains et quelquefois de fortes embrassades, nous nous jurions de nous