à sourire au bébé me tendant ses petits bras dans le berceau qu’aucune main maternelle ne pouvait plus orner de dentelles et de rubans. Puis je me suis traîné et roulé sur les tapis pour l’amuser. J’ai joué au cheval avec lui ; je le plaçais sur mon dos ou mes épaules ; je galopais à genoux ou debout dans les corridors ou d’une chambre à l’autre. J’étais heureux d’entendre ses éclats de rire. Je me fis bonne d’enfant pour le promener dans sa voiturette. Je lui enseignai ses premiers pas et je jouai avec lui à cache-cache, riant de le voir trébucher ou culbuter, et courant vite le ramasser avant qu’il n’eût le temps de pleurer. Mon enfant, ma fille, c’était toute ma vie et je voulais lui épargner la moindre douleur, le moindre chagrin. Je voulus être son professeur comme j’avais été et je continuais d’être tout ensemble son père et sa mère. Je fis avec elle de nombreux voyages pour l’instruire et la distraire. Je voulais qu’elle ne s’aperçût jamais qu’il lui manquait une mère ou qu’elle regrettât un seul instant de n’avoir pas connu les caresses et les baisers d’une mère. Mes amis, cette enfant tant aimée, tant choyée, le seul but de ma vie, c’était Andrée, Andrée ma fille adorable. »
Andrée, qui écoutait dans une sainte extase les paroles émues de son père, ne put, à ces derniers mots, retenir son émotion ; elle suffoquait. Elle éclata en san-