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CHAPITRE IV

L’ENFANCE ET LA JEUNESSE

Et Michel Toinon commença le récit de sa vie.

« Vers l’an 1872, à quelques lieues de Montréal, sur les limites d’un grand village de la rive nord du beau St-Laurent, deux riches propriétaires possédaient des résidences magnifiques. Un large ruisseau séparait leurs immenses terrains. Les deux propriétaires, relativement jeunes, et leurs familles étaient des amis intimes. L’un d’eux, Gabriel Toinon, notaire, dont le père avait accumulé une fortune rondelette dans le commerce du bois, avait déjà parcouru presque tous les pays et vogué sur toutes les mers. Il avait apporté de ses nombreux voyages des idées de grandeur et de faste, des idées peut-être aussi disparates que les différents pays où le hasard l’avait conduit. L’autre, Maxime Morin, marchand général, s’était amassé un gros magot. Malgré leur amitié réciproque, les deux voisins cherchaient toujours à s’éclipser l’un l’autre, et leur rivalité consistait à faire plus beau, plus grand et plus fastueux.

« Le notaire, Gabriel Toinon, quelque peu excentrique, avait construit sa maison dans un style baroque ; par un côté, elle ressemblait à un de ces vieux châteaux