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les voies de l’amour

amie. « Elle était partie en voiture, me dirent ses parents avec Monsieur Roy pour une courte promenade dans la campagne. » J’attendis longtemps leur retour. Je m’impatientais de leur retard ; je m’inquiétais ; je m’ennuyais déjà de l’absence de ma douce amie. Je ne tenais plus en place ; j’arpentais à grands pas la véranda. Il me semblait sentir pour la première fois les morçures venimeuses du serpent de la jalousie. C’était l’heure du bain ; je parcourus la plage, examinant effrontément les groupes qui s’amusaient sur le sable brûlant, bousculant sans les regarder ceux que je rencontrais dans ma précipitation à rechercher celle que je croyais déjà perdue. Enfin j’allai me placer à la tête de la jetée devant les baraques des petits Japonais, où l’on jouait avec des boules sur des tables percées de trous numérotés qui font gagner quelquefois des brimborions. Je restai longtemps là, le dos appuyé à une des cabanes d’où mes regards plongeaient sur la rue principale dans l’espoir de revoir bientôt les deux fugitifs. J’envisageais inutilement les promeneurs qui passaient en foule devant moi.

« L’odeur de la friture, se dégageant d’une baraque à quelques pas de là me torturait l’estomac et cependant je ne me sentais pas le goût de manger quoi que ce soit, tourmenté que j’étais par l’inquiétude qui me rongeait l’âme et le cœur. Tout de même je m’approchai de cette baraque à la devanture largement ouverte. Je m’assis