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les voies de l’amour

sur un siège fait d’une rondelle en métal, montée sur une longue tige de fer vissée dans le plancher. En face du comptoir je me décidai de demander quelque chose, non pas tant pour apaiser les tortures de mon estomac que pour satisfaire ma curiosité et mon impatience en essayant de retrouver dans la foule qui passait ceux qu’il me tenait tant au cœur de revoir. Au fond de la cuisine, grande comme ma main, un marmiton quelconque jetait des morceaux de pâte tournée en brioche ou en anneau dans de grandes marmites chauffées au pétrole. La graisse, qui y bouillait en pétillant, s’évaporait en un nuage crasseux qui se collait aux parois de la cabane qui en était devenue toute noire. Le marmiton sortait, au bout de sa longue fourchette en étain, des fritures dégouttantes de graisse à odeur de graillon. J’avais demandé pour la forme une tasse de café et un hot-dog, fait d’un bout de saucisse rôtie sur une plaque d’acier rougie et placée en sandwich entre les deux moitiés d’un petit pain fendu. Je pris beaucoup de temps à boire ma tasse de café ; quant à mon hot-dog, je l’engouffrai dans la gueule d’un chien qui me passait entre les jambes. La foule circulait toujours et je ne voyais pas revenir mes amis.