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CHAPITRE V

NAISSANCE DE L’AMOUR

« Pour la première fois j’éprouvais pour Andrée un sentiment tout autre que ceux que j’avais ressentis jusqu’à ce moment là. Elle avait été dans le tout jeune âge la seule petite voisine avec qui je pusse jouer et m’amuser. Je n’avais ni frère, ni sœur ; elle non plus. Les enfants des autres voisins demeuraient trop loin pour que nous pussions les connaître et les fréquenter, et puis nos parents n’admettaient pas le premier venu dans leur intimité. Malheureusement ma mère m’élevait comme une petite fille et il me semblait que j’étais naturellement la petite compagne d’Andrée. Ma mère allait souvent à Montréal pour consulter les cahiers de modes et acheter de jolies étoffes pour me faire de belles toilettes qu’elle confectionnait elle-même adroitement et avec goût ; j’eusse été une petite fille qu’elle n’aurait pas mis plus d’orgueil à m’habiller. Un jour, j’avais tout au plus cinq ans, elle m’amena à la grand’messe dans le seul but, je crois, de satisfaire son orgueil. J’étais mis comme une petite princesse, ou au moins comme un petit prince de l’ancien temps. Je portais une jupe courte en plaid par-dessus un caleçon en dentelle, une chemise en satin