Ces mots disaient qu’elle avait tout deviné ; il ne s’agissait plus de lui rien apprendre, mais de la déterminer : baignée de larmes, et tremblante devant la douleur de sa mère, Élisabeth, d’une voix entrecoupée, laissa seulement échapper ces mots :
« Ma mère, pour le bonheur de mon père, si je te demandais quelques jours ?
— Non, pas un seul jour, interrompit sa mère éperdue : quel horrible bonheur pourrait s’acheter au prix de ton absence ! non, pas un seul jour. Ô mon Dieu ! ne permettez pas qu’elle me le demande. »
Ces paroles anéantirent les forces d’Élisabeth : hors d’état de prononcer elle-même ce qui doit affliger sa mère, elle présente en silence à son père la lettre du gouverneur de Tobolsk, et lui fait signe de la lire. Springer soutient sa femme contre sa poitrine, en lui disant :
« Repose-toi ici avec confiance, car ce soutien-là ne te manquera jamais. »
Puis, d’une voix qu’il s’efforce en vain de raffermir, il lit tout haut la lettre suivante, écrite de Tobolsk