Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/122

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larmes parce que la vertu vous sépare de votre enfant pour un peu de temps, que feront les mères qui se voient arracher les leurs par le vice, et qui les perdent pour l’éternité ?

— Ô mon père ! si je ne devais plus la revoir ! s’écria la mère désolée.

— Vous la reverriez, reprit-il vivement, dans le ciel qui est déjà son partage ; mais vous la reverrez aussi sur la terre : les fatigues sont grandes, mais Dieu la soutiendra ; il mesure le vent à la laine de l’agneau. »

Phédora courba la tête avec résignation. Springer n’avait pas dit un mot encore, il ne pouvait parler, son cœur se déchirait : et Élisabeth elle-même, qui jusqu’à ce jour n’avait senti que son courage, commença à sentir sa faiblesse. L’espoir d’être utile à ses parents lui avait caché la douleur de s’en séparer, mais à présent que le moment était venu, quand elle pouvait se dire : « Demain je n’entendrai plus la voix de mon père, demain je ne recevrai plus les caresses de ma mère, et peut-être un an entier se passera