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Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/123

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avant que je retrouve de si douces joies », alors il lui semblait que tout s’abîmait devant elle ; ses yeux se troublèrent, ses genoux fléchirent, elle tomba en pleurant sur le sein de son père. Ah ! timide orpheline, si déjà tu tends les bras à ton protecteur, et que dès les premiers pas tu penches vers la terre comme une vigne sans appui, où trouveras-tu donc des forces pour traverser seule presqu’une moitié du monde ?



Avant de se coucher, le missionnaire s’assit à la table des exilés pour prendre le repas du soir. La plus franche hospitalité y présidait ; mais la gaîté en était bannie, et ce n’était qu’avec effort que chacun des exilés retenait ses larmes. Le bon religieux les regardait avec une tendre compassion ; il avait vu beaucoup d’afflictions dans le cours de ses longs voyages, et l’art de les adoucir avait été la principale étude de sa vie : aussi pour toutes les douleurs il avait une consolation ; pour chaque situation, chaque caractère, il avait des paroles qui