s’était efforcée de ne pas croire possible ; elle vit que le religieux sentait qu’il allait mourir, elle vit qu’elle allait tout perdre ; son cœur se brisa, elle tomba à genoux devant le lit, le front couvert d’une sueur froide, et la poitrine suffoquée de sanglots.
« Mon Dieu, prenez pitié d’elle ; prenez pitié d’elle, mon Dieu ! » répétait le missionnaire en la regardant avec une profonde compassion.
À la fin, comme il vit que la violence de sa douleur allait toujours croissant, il lui dit :
« Au nom du ciel et de votre père, calmez-vous, ma fille, et écoutez-moi. »
Élisabeth tressaillit, étouffa ses cris, essuya ses larmes, et, les yeux fixés sur le religieux, attendit avec respect ce qu’il allait lui dire ; il s’appuya contre la planche qui servait de dossier à son lit, et, recueillant toutes ses forces, il parla ainsi :
« Mon enfant, vous allez être exposée à de grandes peines en voyageant seule à votre âge, au milieu de la mauvaise saison ; cependant c’est là votre moindre péril : la Cour vous en offrira de plus terribles ;