Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/182

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bosquets qui réjouissent la vue, mais qui sont ordinairement le refuge des voleurs : l’hiver on les redoute moins, parce que les taillis dépouillés de feuilles ne leur permettent pas de se cacher aussi bien. Cependant, le long de sa route, Élisabeth entendait parler des vols qui s’étaient commis : si elle avait possédé quelque chose, peut-être ces bruits l’eussent-ils effrayée ; mais obligée de mendier son pain, il lui semblait que sa pauvreté la mettait à l’abri de tout, et que, sous cette égide, elle pouvait traverser ces forêts sans danger.

Quelques verstes avant Pokrof, la grande route venait d’être emportée par un ouragan, et les voyageurs étaient obligés, pour se rendre à Moscou, de faire un grand détour à travers les marécages que le Volga forme en cet endroit ; ils étaient couverts d’une glace si épaisse, qu’on y marchait aussi solidement que sur la terre. Élisabeth prit cette route qu’on lui avait indiquée ; elle marcha longtemps à travers ce désert de glace ; mais, comme