Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/194

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à côté. Elle était épuisée de froid et de fatigue, elle avait marché tout le jour, et sa joie du matin commençait à se changer en tristesse ; car, en parcourant les innombrables rues de Moscou, elle avait bien vu des maisons magnifiques, mais elle n’avait pas trouvé un asile ; elle avait bien rencontré une foule nombreuse de gens de toute espèce et de toutes nations, mais elle n’avait pas trouvé un protecteur ; elle avait entendu des personnes demander leur chemin, s’inquiéter de l’avoir perdu, et elle avait envié leur sort :

« Heureux, se disait-elle, d’avoir quelque chose à chercher ! il n’y a que l’infortunée qui n’a point d’asile, qui ne cherche rien, et qui ne se perd point. »

Cependant la nuit approchait, et le froid devenait très vif ; la pauvre Élisabeth n’avait pas mangé de tout le jour, elle ne savait que devenir ; elle cherchait à lire sur tous les visages si elle n’en trouverait pas un dont elle pût espérer quelque pitié ; mais ce monde, qu’elle regardait avec attention,