Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/220

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La jeune fille ne peut croire à tant de bonheur, elle ne peut croire que Smoloff soit là pour sauver son père ; cependant c’est sa voix, ses traits, elle ne peut s’y méprendre ; elle le regarde en silence, et étend ses bras vers lui comme s’il venait lui ouvrir les portes du ciel. Il court à elle, hors de lui-même ; il lui prend la main, il doute presque de ce qu’il voit.

« Élisabeth, lui dit-il, est-ce bien toi ? D’où viens-tu, ange du ciel ?

— Je viens de Tobolsk.

— De Tobolsk, seule, à pied ? »

Il tremblait d’agitation en parlant ainsi.

« Oui, répondit-elle, je suis venue seule, à pied, pour demander la grâce de mon père, et on m’éloigne du trône, on m’arrache de devant l’Empereur.

— Viens, viens, Élisabeth, interrompit le jeune homme avec enthousiasme : c’est moi qui te présenterai à l’Empereur ; viens lui faire entendre ta voix, viens lui adresser ta prière : il n’y résistera pas. »

Il écarte les soldats, ramène Élisabeth vers l’église. En ce moment, le cortège impérial défilait par la