Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/221

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grande-porte ; aussitôt que le monarque parut, Smoloff se fit jour jusqu’à lui, en tenant Élisabeth par la main. Il se jette à genoux avec elle, il s’écrie :

« Sire, écoutez-moi, écoutez la voix du malheur, de la vertu ; vous voyez devant vous la fille de l’infortuné Stanislas Potowsky. Elle arrive des déserts d’Ischim, où depuis douze ans ses parents languissent dans l’exil ; elle est partie seule, sans secours ; elle a fait la route à pied, demandant l’aumône, et bravant les rebuts, la misère, les tempêtes, tous les dangers, toutes les fatigues, pour venir implorer à vos pieds la grâce de son père. »

Élisabeth éleva ses mains suppliantes vers le ciel, en répétant :

« La grâce de mon père. »

Il y eut parmi la foule un cri d’admiration, l’Empereur lui-même fut frappé ; il avait de fortes préventions contre Stanislas Potowsky, mais en ce moment elles s’effacèrent ; il crut que le père d’une fille si vertueuse ne pouvait être coupable : mais, l’eût-il été, Alexandre aurait pardonné encore.