vous servir, et une bourse de deux mille roubles que voici pour vos frais de route. »
Élisabeth regarda Smoloff, elle lui dit :
« Depuis le premier jour où je vous ai vu, je ne me souviens pas d’avoir obtenu un seul bien dont vous n’ayez été l’auteur : sans vous, je ne tiendrais point cette grâce de mon père ; sans vous, il n’aurait jamais revu sa patrie. Ah ! c’est à vous à lui apprendre qu’il est libre, et ce bonheur sera le seul prix digne de vos bienfaits.
— Non, Élisabeth, repartit le jeune homme, ce bonheur sera votre partage, moi j’aspire à un plus haut prix.
— Un plus haut prix ! s’écria-t-elle ; ô mon Dieu ! quel peut-il être ? »
Smoloff fit un mouvement pour parler ; il se retint, il baissa les yeux, et après un assez long silence, il répondit d’une voix émue :
« Je vous le dirai aux genoux de votre père. »
Depuis que Smoloff avait retrouvé Élisabeth, il ne s’était point passé un seul jour sans qu’il la vît, sans qu’il demeurât plusieurs