Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/228

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point la joie de Smoloff en présentant Élisabeth à son père, ni la reconnaissance de celle-ci envers ce bon gouverneur ; comme elle, je ne serai satisfaite qu’en arrivant dans cette cabane, où on compte avec tant de douleur les jours de son absence. Elle n’a point voulu qu’on prévînt ses parents de son retour ; elle sait qu’ils se portent bien, on le lui a dit à Tobolsk, on le lui confirme à Saïmka, elle veut les surprendre, elle ne permet qu’à Smoloff de la suivre. Oh ! comme son cœur palpite en traversant la forêt, en approchant des rives du lac, en reconnaissant chaque arbre, chaque rocher ; elle aperçoit la cabane paternelle, elle s’élance…. Elle s’arrête, la violence de ses émotions l’épouvante, elle recule devant trop de joie. Ah ! misère de l’homme, te voilà bien tout entière ! Nous voulons du bonheur, nous en voulons avec excès, et l’excès du bonheur nous tue ; nous ne pouvons le supporter. Élisabeth, s’appuyant sur le bras de Smoloff, lui dit :

« Si j’allais trouver ma mère malade ! »