Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/24

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Pierre Springer avait bâti lui-même sa demeure ; elle était en bois de sapin et couverte de paille ; des masses de rochers la garantissaient des rafales du vent du nord et des inondations du lac. Ces roches, d’un granit tendre, réfléchissaient en s’exfoliant les rayons du soleil ; dans les premiers jours du printemps, on voyait sortir de leurs fentes des familles de champignons, les uns d’un rose pâle, les autres couleur de soufre ou d’un bleu azuré, pareils à ceux du lac Baïkal, et dans les cavités où les ouragans avaient jeté un peu de terre, des jets de pins et de sorbiers s’empressaient d’enfoncer leurs racines et d’élever leurs jeunes rameaux.

Du côté méridional du lac, la forêt n’était plus qu’un taillis clairsemé, qui laissait apercevoir des landes immenses, couvertes d’un grand nombre de tombeaux : plusieurs avaient été pillés, et des ossements de cadavres étaient épars tout autour ; restes d’une ancienne peuplade qui serait demeurée éternellement dans l’oubli, si des