Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/33

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jeunesse succéda à l’enfance, et que la raison commença à se développer, elle s’aperçut des larmes de sa mère, et vit que son père était malheureux. Plusieurs fois elle les conjura de lui en dire la cause, et ne put en obtenir d’autre réponse, sinon qu’ils pleuraient leur patrie ; mais pour le nom de cette patrie et le rang qu’ils y occupaient, ils ne lui confièrent jamais, ne voulant pas exciter de douloureux regrets dans son âme, en lui apprenant de quelle hauteur ils avaient été précipités dans l’exil. Mais depuis le moment qu’Élisabeth eut découvert la tristesse de ses parents, ses pensées ne furent plus les mêmes, et sa vie changea entièrement. Les plaisirs dont elle amusait son innocence perdirent tout leur attrait ; sa basse-cour fut négligée ; elle oublia ses fleurs, et cessa d’aimer ses oiseaux. Quand elle venait sur le bord du lac, ce n’était plus pour jeter l’hameçon, ou naviguer dans sa petite nacelle, mais pour se livrer à de longues méditations, et réfléchir à un projet qui était devenu