Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/32

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jour naître un agrément de plus. Ainsi, loin du monde et des hommes, croissait en beauté cette jeune vierge pour les yeux seuls de ses parents, pour l’unique charme de leur cœur ; semblable à la fleur du désert, qui ne s’épanouit qu’en présence du soleil, et ne se pare pas moins de vives couleurs, quoiqu’elle ne puisse être vue que par l’astre à qui elle doit la vie.

Il n’y a d’affections tendres et profondes que celles qui se concentrent sur peu d’objets : aussi Élisabeth, qui ne connaissait que ses parents, et n’aimait qu’eux seuls dans le monde, les aima avec passion ; ils étaient tout pour elle : les protecteurs de sa faiblesse, les compagnons de ses jeux, et son unique société. Elle ne savait rien qu’ils ne lui eussent appris : ses amusements, ses talents, son instruction, elle leur devait tout ; et, voyant que tout lui venait d’eux, et que par elle-même elle ne pouvait rien, elle, se plaisait dans une dépendance qu’ils ne lui faisaient sentir que par des bienfaits. Cependant, quand la