Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/41

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sa mère et lui prêtait sa force. Ainsi on voit un arbre transplanté hors de sa patrie languir dans une terre étrangère, tandis que le jeune rejeton, qui naît de ses racines, habitué à ce nouveau sol, élève des jets vigoureux, et, en peu d’années, soutient les branches du tronc qui l’a nourri, et protège de son ombre l’arbre qui lui donna la vie.

En approchant de la plaine, Phédora ne pouvait plus marcher ; Élisabeth lui dit : « Ma mère, le jour va finir, repose-toi ici, et laisse-toi aller seule jusqu’à la lisière de la forêt ; si nous attendions plus longtemps, la nuit m’empêcherait de distinguer mon père dans la lande. » Phédora s’appuya contre un sapin, et laissa partir sa fille. En peu d’instants celle-ci eut atteint la plaine ; les tombeaux dont elle est couverte y forment d’assez hauts monticules. Debout sur l’un d’eux, Élisabeth, le cœur navré, les yeux pleins de larmes, regardait si elle n’apercevait pas son père ; elle ne voyait rien, tout était solitaire, silencieux, et l’obscurité commençait