Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/49

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ne sera point connue, ne sera point aimée. »

La jeune fille l’interrompit vivement par ces mots :

« Ô mon père ! me voici entre ma mère et toi, et tu dis que je ne serai point aimée. »

Springer, sans pouvoir modérer sa douleur, continua ainsi :

« Jamais tu ne jouiras de ce plaisir que je te dois, jamais la voix d’un enfant adoré ne te fera entendre de si douces paroles ; tu vivras seule ici, sans époux, sans famille, comme un faible oiseau, égaré dans le désert. Innocente victime, tu ne connais point les biens que tu perds ; mais moi qui ne peux plus te les donner ; j’ai tout perdu. »

Pendant cette scène, le jeune Smoloff avait essuyé ses larmes plus d’une fois ; il voulut parler, sa voix était altérée. Cependant il dit :

« Monsieur, dans la triste place qu’occupe mon père, vous devez croire que je ne suis pas étranger au malheur ; souvent j’ai parcouru les divers cercles de son vaste gouvernement : que de larmes j’ai recueillies ! que de douleurs solitaires