Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/61

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la conduite qu’elle devait tenir ; elle était sûre que son père l’avait devinée, qu’il était touché de ce qu’elle voulait faire : mais s’il eut approuvé son projet, aurait-il évité avec tant de soin de lui en parler ? En effet, ce projet était si extraordinaire, que ses parents ne pouvaient le voir que comme une pieuse et tendre folie. Pour parvenir à le leur faire adopter, il était nécessaire qu’elle le présentât sous le jour le plus favorable, dégagé de ses plus grands obstacles, protégé de l’aide et des conseils de Smoloff. Jusque-là il serait rejeté, elle n’en doutait point.

Elle se décida donc à se taire encore, et à n’achever d’ouvrir son cœur à ses parents, que quand elle aurait eu un entretien avec Smoloff sur ce sujet. Comme elle prévoyait aussi qu’une des plus fortes raisons que ses parents opposeraient à son départ, serait l’impossibilité de lui laisser faire, à son âge, huit cents lieues à pied, dans le climat le plus rigoureux du monde ; et, pour répondre d’avance à cette difficulté, elle essayait