Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/67

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accessible à cette tendre faiblesse, et craignant seulement que sa fille ne s’aperçût d’un sentiment qui pouvait troubler son repos, pressait Smoloff d’obéir à son père, en terminant au plus tôt une visite que, sous mille prétextes, ce jeune homme s’efforçait de prolonger.

Sur ces entrefaites l’orage se déclara, et les exilés tremblèrent pour leur fille.

« Élisabeth ! que va devenir mon Élisabeth ! » s’écriait la mère désolée.

Springer prit son bâton en silence, et ouvrit la porte pour aller chercher sa fille ; Smoloff se précipita sur ses pas. Le vent soufflait avec violence ; les arbres se rompaient de tous côtés, il y allait de la vie à traverser la forêt ; Springer voulut le représenter à Smoloff et l’empêcher de le suivre ; il ne put y réussir : le jeune homme voyait bien le péril, mais il le voyait avec joie : il était heureux de le braver pour Élisabeth.

Les voilà tous deux dans la forêt :

« De quel côté irons-nous ? demande Smoloff.

— Vers la grande lande, reprend Springer : c’est là qu’elle va tous