Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/90

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moins sans contrainte à l’inquiétude qui la tourmentait. Aussitôt qu’elle fut sortie, Phédora pencha sa tête sur le sein de son époux, et lui dit :

« Écoute la sollicitude qui pèse sur mon cœur. N’as-tu pas remarqué le changement de notre Élisabeth ? Près de nous elle est pensive : le nom de Smoloff la fait rougir, son absence l’inquiète ; ce matin à l’église elle était préoccupée, ses regards erraient de tous côtés ; je l’ai entendue demander si Smoloff n’était point à Saïmka, et elle est devenue pâle comme la mort, quand on lui a dit qu’il était parti pour Tobolsk. Ô Stanislas ! je m’en souviens, dans ces jours qui précédèrent celui où je devins ton heureuse épouse, c’est ainsi que je rougissais quand on me parlait de toi ; c’est ainsi que mes yeux te cherchaient partout, et qu’ils se remplissaient de larmes quand ils ne te rencontraient pas… Hélas ! ces symptômes d’un amour qui ne devait point finir, comment ne les verrais-je point avec terreur dans l’âme de ma fille ? Elle n’