Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/95

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promesses de Smoloff, et c’était là-dessus qu’elle avait fondé des espérances raisonnables ; mais, après les espérances raisonnables, il en est d’autres encore, et ce furent celles-là qui la déterminèrent à parler. Cependant, avant de commencer, elle repasse dans sa tête toutes les objections qu’on va lui faire, tous les obstacles qu’on va lui opposer : ils sont terribles, elle le sait, Smoloff le lui a dit, et elle est bien sûre que la tendresse de ses parents les exagérera encore. Que répondra-t-elle à leurs frayeurs, à leurs ordres, à leurs prières ? Que répondra-t-elle, quand ils lui diront que les joies de la patrie ne sont rien pour eux au prix de l’absence de leur enfant ? Un instant elle oublie que son père est auprès d’elle, et tout en larmes, elle tombe à genoux, en demandant à Dieu de lui accorder l’éloquence nécessaire pour persuader ses parents. Springer, qui l’entend pleurer, se retourne, court à elle, la prend dans ses bras, et lui dit :

« Élisabeth, qu’as-tu ? que veux-tu ? Ah ! si ton cœur est déchiré,