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Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/94

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marais accouraient des bécasses de toute espèce, les unes noires avec des becs jaunes, les autres hautes en jambes avec un collier de plume. Enfin un printemps prématuré semblait s’annoncer à la Sibérie, et Élisabeth, pressentant tout ce qu’elle allait perdre, si elle manquait une année si favorable pour son voyage, prenait la résolution hardie de poursuivre son projet, et de ne compter, pour en assurer le succès, que sur elle et sur Dieu.



Un matin, Springer s’occupait à labourer son jardin ; assise près de lui, Élisabeth le regardait en silence ; il ne lui avait point confié encore le secret de son infortune, et elle ne recherchait plus cette confidence. Il s’était élevé dans son âme une sorte de tendre fierté, qui lui faisait désirer de ne connaître les malheurs de ses parents, que quand elle serait au moment de partir, et de n’entendre le récit de tout ce qu’ils avaient perdu que quand elle pourrait leur répondre : « Je vais tout vous rendre. »

Jusqu’à ce jour, elle avait compté sur les