Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 5.djvu/14

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époux. Non, mon oncle, non, jamais Mansfield n’a pu croire que je souffrais de l’inégalité de nos conditions : comment en aurait-il pu avoir la pensée, lorsque je ne l’ai pas eue un seul instant pendant le cours de notre union ? Si j’ai pleuré souvent sur mes nœuds infortunés, soyez-en sûr, mon oncle, ce n’était pas l’orgueil qui faisait couler mes larmes. Je vais travailler sans interruption au récit que vous me demandez : il rouvrira toutes mes blessures ; mais s’il vous satisfait et accroît votre intérêt pour moi, je ne me plaindrai point d’avoir réveillé ces douloureux souvenirs. Ah ! mon oncle, vous verrez combien j’ai souffert, peut-être verserez-vous quelques pleurs sur mon sort ; mais souffrir est le partage de tout ce qui respire, et si je passe en paix mes dernières années, sans doute je n’aurai pas le droit de me plaindre du mien. Ne vous étonnez point, mon oncle, de me voir envisager la fin de ma vie ; je n’ai encore, il est vrai, que vingt-deux ans ; mais si la marche du temps se calcu-