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Page:Coubertin - Conférence faite à la Sorbonne au Jubilé de l’U.S.F.S.A. (Manuscrit de novembre 1892).pdf/10

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les environnait : des ressouvenirs de la Grèce, le respect des traditions stoïciennes et une conception assez nette des services que l’athlétisme pouvaient rendre au monde moderne ne tardèrent pas à attirer l’attention sur eux. On se moqua d’eux, mais le ridicule ne les découragea point. Quand le mouvement prit de la consistance ils furent attaqués furieusement, avec rage. Mais leur œuvre était déjà sous la protection de la jeunesse. Les universités d’Oxford et de Cambridge avaient commencé de s’y associer. Elles devaient y trouver le germe d’un magnifique relèvement, d’une purification dont elles avaient gra bien nécessaire. En même temps, ce grand citoyen, Thomas Arnold, le chef et le type des éducateurs anglais donnait la formule précise du rôle de l’athlétisme dans la pédagogie. La cause fut vite entendue et gagnée. L’Angleterre se couvrit de champs de jeu. Les sociétés se multiplièrent. Vous ne soupçonnez pas leur nombre. Londres en referme une collection, non pas dans les quartiers aristocratiques mais dans les quartiers pauvres et populaires. Chaque village en compte une ou deux de sorte que si la loi anglaise ne pourvoit pas à l’éducation physique des enfants, l’initiative privée la remplace largement. Puis en quittant le sol natal, les fils d’Albion emportèrent avec eux la recette précieuse et l’athlétisme déborda dans les deux hémisphères sous les climats les plus variés.

Aux États Unis précisément après [?] de romantisme nous avons voulu savoir ce qu’il y était devenu et profitant d’un des nombreux congrès qui se groupèrent autour de l’Exposition du centenaire, nous avons répandu en 1889 dans toutes les colonies Britanniques et les pays de langue anglaise 7 000 exemplaires d’un questionnaire relatif aux jeux, à leur influence sur l’éducation et aux à leurs progrès de. Ces progrès sont incessants et les réponses témoignèrent d’une unanimité qui nous permet a prouvé que le mouvement ascendant de l’athlétisme atteindrait des proportions gigantesques et que l’expérience de cinquante ans n’avait fait que confirmer partout les doctrines d’Arnold et de Kingsley. Aux États Unis, pour citer ce pays des chiffres, le Docteur Sargent (une autorité en la matière) estime que de 1860 à 1870, 1 million de dollars, de 1870 à 1880, 2 millions 500 000 dollars, enfin de 1880 à 1890, 25 millions de dollars ont été dépensés pour construire des gymna établir des champs de jeu, des salles d’exercices ou fabriquer des appareils, soit un total de 28 millions 500 000 dollars.