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histoire universelle

la Gothie parce que les Goths s’y étaient maintenus mieux qu’ailleurs. Après eux les Arabes y avaient pris pied. On l’avait aussi désignée sous le nom de Septimanie des sept villes épiscopales qui s’y trouvaient. Pour finir elle ferait partie du Languedoc ainsi nommé comme le dernier asile de la langue où le mot « oui » se disait oc par opposition à celle où l’on prononçait oil. Le Languedoc, ce serait la région des Cévennes de Valence aux Pyrénées, bordée par le Rhône et la mer. Pour compléter la physionomie territoriale de la France, il faut mentionner la péninsule armoricaine bien qu’elle en fût alors fort séparée politiquement. Avec ses comtés indépendants de Léon, de Vannes ses dialectes celtiques, ses coutumes, ses rites, son église autonome qui reconnaissait à peine la suprématie théorique du pouvoir pontifical, la Bretagne avait longtemps vécu derrière une frontière étanche. Les rois francs avaient dû reconnaître les ducs bretons, Noménoé, Erispoé, etc…, mais aux ixme et xme siècles, des guerres intestines avaient affaibli le pays et dès 843 les pirates normands s’étaient montrés sur ses rivages. Au traité de Saint-Clair-sur-Epte, une clause étrange concerna la Bretagne. Rollon avait fait observer que ses guerriers auraient besoin de terres à exploiter en attendant que celles qui allaient leur être allouées pussent être ensemencées. On lui indiqua la Bretagne… non pas, bien entendu, en termes aussi crus. Le machiavelisme barbare savait aussi se revêtir de formules volontairement nuageuses. Quoiqu’il en soit, les Normands entendirent fort bien et s’attaquèrent à leurs nouveaux voisins. Beaucoup de Bretons s’enfuirent alors, emportant leurs richesses et les reliques de leurs églises ; ils se réfugièrent en Angleterre, en Bourgogne mais au bout d’un quart de siècle, en 938, une révolte éclata parmi ceux qui étaient restés. Les Normands s’étaient pour la plupart retirés dans leur nouveau domaine. Le duché de Bretagne fut rétabli. Les exilés rappelés revinrent en foule, ceux d’Angleterre amenant avec eux des Celtes qu’attiraient un climat meilleur et la perspective d’une vie plus facile. Le celtisme breton reçut ainsi un renfort considérable.

Tel était, vu en quelque sorte à vol d’oiseau, le royaume sur lequel Hugues Capet avait été appelé à régner. Quant au régime auquel ce royaume était soumis, on le définit d’un mot déjà maintes fois prononcé dans les pages qui précèdent mais dont la