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d’hypothèse que comporte la préhistoire mais il semble qu’en effet durant la période historique les infiltrations à travers le Sahara devenu sans doute de plus en plus inhospitalier aient été de très faible importance. Des caravanes phéniciennes conduites par d’audacieux trafiquants, quelques tribus sémites venues peut-être par l’Abyssinie et qui s’implantèrent, enfin plus récemment des convertisseurs musulmans au zèle fougueux, tels furent les seuls agents de transformation dont il y ait à tenir compte. Malheureusement si l’étude comparée des langues est une précieuse source d’investigation ethnique, l’histoire politique des anciennes sociétés noires nous demeure peu accessible faute de documents à déchiffrer ou d’inscriptions à exhumer.

Le premier État organisé dont nous ayons connaissance a dû s’élever au ivme siècle. On a reconnu les ruines de sa capitale Ghana ou Koumbi située à l’ouest de Tombouctou. De l’autre côté de Tombouctou, sur le Niger, se trouve Gao centre d’un royaume qui, à partir du viime siècle, fut souvent en rivalité avec celui de Ghana. L’un et l’autre eurent à lutter contre le royaume mandingue qui occupait la région formant l’hinterland actuel de la Guinée et avait pour capitale Kangaba, aujourd’hui simple village[1] non loin de Bamako. Puis venaient les États Mossi, fondés aux xime et xiime siècles ; c’étaient des collectivités de pur sang noir présentant de singulières complications administratives avec une cour où existaient de nombreuses charges rendues héréditaires dans certaines familles. Au sud sur le golfe de Guinée le royaume des Achantis et celui du Dahomey se distinguèrent par leur forte organisation. Entre le Niger et le Tchad résidaient les Haoussa répartis en plusieurs royaumes qui furent tour à tour tributaires les uns des autres ; celui de Kano renommé pour sa richesse agricole ; celui du Gober dont on appréciait au xvime siècle les produits manufacturés, tissus et cuirs. Des deux côtés du Tchad le Bornou et le Kanem virent aussi s’élever des royautés prospères. Au delà s’étendaient les territoires des Ouadaï, du Darfour et du Kordofan, ce dernier touchant au haut Nil.

Les chefs de ces États ne furent pas seulement des guer-

  1. La dynastie Keita qui y subsiste encore serait, dit-on, la plus vieille de l’univers car elle a régné (sauf un intervalle de quinze années) pendant treize siècles consécutifs. Mais la courbe qui l’éleva jusqu’à l’apogée aux xiiie et xive siècles est retombée au niveau initial, celui d’une minuscule souveraineté locale.