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qui seraient applicables à l’Afrique actuelle. Il la dit « fertile en céréales, favorable aux troupeaux » mais manquant d’eau et « contraire aux arbres ». Or on sait que, sur la fin de l’empire, elle exportait de grandes quantités de bois de charpente et de chauffage. Le climat n’avait pas changé pourtant car, au temps d’Adrien, on nota une période de cinq années sans pluies, C’est à une irrigation savante et acharnée qu’il faut faire honneur des résultats obtenus. Plus tard lorsque les Arabes arrivèrent, au témoignage de leurs chefs, ils traversèrent l’Afrique de l’est à l’ouest « sous une voûte de feuillage ». Exagération poétique sans doute ; le fait n’est pas moins à retenir.

Le royaume que le sort des armes et la singularité des circonstances plaçaient entre les mains des Vandales était donc riche et peuplé. Il ne leur fallut pas bien longtemps pour le dépeupler et en dilapider les ressources. Disciple d’Arius comme la plupart des barbares alors en passe de civilisation, Genséric tenta d’abord de gagner à l’arianisme ses nouveaux sujets. Mais l’Église d’Afrique était puissante et obstinée. Des pasteurs tels qu’Augustin lui apportaient une force considérable. Genséric échoua et déchaîna une persécution vengeresse contre ceux qui lui avaient résisté. Au dehors il eut pu se faire en quelque sorte l’arbitre entre Rome et Byzance, établissant sa suprématie sur toute la Méditerranée. Mais il ne sut que piller et trancher par la force les problèmes qui surgissaient devant lui. Il donna la mesure de sa médiocre compréhension lorsqu’il décida avant de mourir que le trône appartiendrait toujours au plus âgé de ses descendants mâles. Cette étrange loi de succession provoqua, comme on pouvait s’y attendre, de nombreux crimes, chaque prince ayant intérêt à faire disparaître ceux de ses collatéraux qui séparaient son fils de la couronne. Opprimée dans sa foi et dans ses intérêts, la population romaine supportait avec peine le joug des Vandales et se flattait, vu leur nombre restreint, de parvenir à les chasser. Le clergé entretenait ces sentiments. De là des persécutions incessantes. Si on ajoute à cela que les Maures de Tripolitaine, sorte d’avant-garde arabe constituaient maintenant un voisinage incommode et batailleur, on peut se représenter en quelle agitation sanguinaire se dépensèrent après le long règne de Genséric (439-477) les cinquante années qui suivirent.

Où en était pendant ce temps l’Italie ? Sa ruine avait été